****
|
Trace d'eau et d'encre
sur le papier du ciel,
Vide est ma coupe
et s'est brisé mon verre
Je suis seule dans la foule
Je suis seule dans la nuit où hoquette la terre,
Je suis seule dans la nuit d'un implacable hiver.
Seul est le prisonnier
et seul est l'exilé.
Seul est l'oiseau
sur la branche fragile
où se croisent les tirs des chasseurs de perdreaux.
Seuls sont les enfants
de toutes les batailles et de toutes les guerres,
seules sur les grandes routes qui ne mènent nulle part
les cohortes en déshérence
qui fuient le feu, le sang et la folie des hommes.
Seul dans la plaie d'un regard.
Seul celui qui apprend
que son clocher se tait et qu'il n'a plus de mère.
Seuls les mal mariés emmurés de silence.
Seules les personnes âgées
à qui l'on reconnaît de moins en moins le droit à l'existence.
Seul dans son hôpital
celui qui attend
et dont les vases vides offrent leurs bouches mortes.
Seuls sont les amants
quand s'éloigne le pas de la nuit
et que le jour qui vient s'ouvre sur un désert.
Mais les souffrances ne sont pas toutes stériles :
il est des matins,
il est des lendemains
où s'entrouvrent les ailes,
et il faut une larme pour faire un arc-en-ciel.
*******************************************
|